Si vous voulez lire mes autres billets sur la régulation alimentaire, les méthodes de Zermati et d'Apfeldorfer pour maigrir sans régime, ça se passe ici.
Zermati a déjà eu l'occasion de déconseiller à une blogueuse de ne pas exposer sa perte de poids chiffrée sur Internet. Sur Internet comme dans la vie d'ailleurs. Dire officiellement "j'ai perdu tant de kilos", c'est exposer sa "performance", et donc se soumettre à la pression du regard des autres (ou de ce qu'on croit être le regard des autres), notamment de ceux qui nous attendent au tournant.
En gros, de ceux qui guettent avec impatience le moment où vous reprendrez tout, tout plus une bonification (je n'ignore pas l'existence de ces gens, et pour cause : j'en fais partie).
Mais je ne peux m'empêcher de croire en ma modeste contribution pour éradiquer les régimes et rendre la méthode de la régulation alimentaire plus populaire. En ce sens, il me semble bon de donner des chiffres.
Après deux mois de Linecoaching, j'ai perdu quatre kilos.
C'est sans doute peu aux yeux de beaucoup. C'est sans doute anodin, facile, que pouic, on s'en fout.
Mais non. Après trois ans à grossir non stop (+ 9 kilos tout de même : je suis l'unique jeune maman que je connaisse qui a pris du poids après son accouchement...), perdre quatre kilos c'est nouveau, croyez-moi.
Et surtout, perdre quatre kilos en ne m'interdisant absolument AUCUN aliment, c'est tout simplement la preuve que la régulation alimentaire, c'est pas des conneries.
Car je mange des Kinder Bueno, des Kinder Delice, des Donuts, des brioches au chocolat, du chocolat à la pointe de fleur de sel, des mousses à la fraise la Laitière, des barres glacées Snickers, des lasagnes, de la tartiflette, du poulet au lait de coco, des pâtes à la viande et au beurre et au gruyère avec un oeuf sur le plat parce que c'est encore meilleur.
Mais aussi des courgettes, des épinards, du filet de lieu noir, de la viande rouge grillée, de la salade, du poireau, des betteraves.
Et tous ces aliments forment tous ensemble mon quotidien, quotidien alternant les repas riches et les repas légers, les aliments gras et les moins gras, le salé et le sucré, les plats généreux et les dîners faits de "juste un yaourt parce que je n'ai pas très faim", voire rien si je n'ai pas faim du tout. Le tout au rythme des besoins de mon corps, que j'ai appris à écouter davantage.
Que les choses soient claires : je mange moins, nettement moins qu'avant. Pas de secret : si le corps commence à revenir à son poids d'équilibre, c'est parce que j'ingère moins de calories (au passage : aucune perte de poids n'est envisageable avec cette méthode si vous êtes déjà à votre poids d'équilibre, ou en dessous. Dans ce dernier cas, vous prendrez du poids, logique. Mais vouloir faire un autre poids que celui pour lequel notre corps est programmé c'est comme vouloir se coiffer avec la raie sur le côté alors qu'elle est naturellement au milieu. Pas impossible, certes, mais annonciateur de beaucoup de problèmes). Mais ces calories, je ne les compte pas, pas besoin. Il me "suffit" d'écouter ma faim et ma satiété.
Beaucoup de choses ont changé dans mon comportement alimentaire, alors que je croyais que j'avais presque tout bon :
- je prends beaucoup moins de desserts qu'avant. Pas parce que je m'interdis le sucré, houlà non : mais simplement parce qu'un seul plat me suffit la plupart du temps. Si je veux vraiment un dessert, je mange moins avant.
- manger quelque chose sans faim est devenu presqu'impossible à mes yeux (en dehors des envies de manger émotionnelles, j'entends). Quand j'imagine finir mon assiette ou prendre un autre aliment alors que je suis rassasiée, je sens que j'aurais l'impression de manger du papier, et même que je serais écoeurée.
- manger quelque chose à cause d'une émotion est toujours possible : mais je le fais nettement moins qu'avant, comme si mon corps avait perdu un peu ce réflexe. Bien sûr, l'année scolaire débute à peine, et les jours vont encore nettement raccourcir (je suis très sensible à la dépression saisonnière) : on verra alors comment je réagis.
- il m'est arrivé une fois de manger trop (après une engueulade). L'écoeurement qui s'en est suivi m'a bien fait regretter... Loin de moi l'idée que mon estomac a rétréci : l'estomac a une capacité d'environ un litre pour tout le monde, et si on le distend, il revient à sa taille initiale une fois vide. Mais quand on mange trop régulièrement, on finit par s'habituer à cette sensation, un peu comme si on entraînait notre estomac à être trop plein. Bonne nouvelle : cette habitude se perd vite.
- je mange moins, car je n'ai pas si faim que ça. Normal, mes besoins caloriques de petite femme sédentaire, peu musclée et en surpoids sont peu élevés. Les occasions de manger avec faim, donc avec plaisir, sont donc assez rares. Par conséquent, je ne veux plus manger que des choses très bonnes (ou au pire, bonnes). Je ne supporte plus de gâcher ma faim avec du médiocre. Autant dire qu'au self je boude les crèmes dessert discount, les fruits sortant du frigo, et je finis rarement mes assiettes. Ne pas manger tout ce à quoi j'avais droit au self fut une épreuve au début : "je paye, je prends". Aujourd'hui, je me dis "Ok, je ne prends pas de dessert, et alors ? L'essentiel, c'est que je mange à ma faim pour le prix du repas non ? Ce n'est pas parce que je mange quelque chose de médiocre, ou sans faim, que j'en aurai plus pour mon argent." En d'autres termes : je ne me prends plus pour une poubelle. Et c'est là qu'on voit que ce n'est pas qu'une histoire de poids.
Tout cela ne se fait pas du jour au lendemain, et connaître la théorie ne suffit pas. Il s'agit vraiment de changer ses habitudes, ce qui n'est pas chose aisée. Mais, autre bonne nouvelle : c'est possible, et une fois qu'on a changé d'habitude, la nouvelle devient aussi ancrée dans notre quotidien que l'ancienne. C'est de moins en moins difficile de jour en jour, car ce qu'on met en oeuvre comme compétence consciente au début redevient une compétence naturelle.
Donc voilà, je continue. Logique : je commence à adopter une façon normale de manger. Et je ne compte pas en changer. Même si je retrouve mon poids d'équilibre, je souhaite garder cette façon normale et naturelle de manger. Que peut-on souhaiter d'autre ?
PS : dernièrement je me suis amusée (ou plutôt torturée) à regarder des vlogs de régimes. Ca me rend triste. Les filles sont tellement persuadées d'avoir trouvé la bonne méthode pour perdre du poids (et comment leur reprocher : elles en perdent !), tellement fières surtout de "réussir" à ne manger que ce que leur dicte leur régime... Alors qu'elles portent souvent dans leur propre discours l'annonce de leur futur échec : "J'ai déjà fait un régime qui m'a fait perdre 10 kilos mais j'ai tout repris"... En s'accusant elles-mêmes bien sûr. Si ça réussit, c'est grâce au régime, si ça rate, c'est à cause du gros. Alors que, comme le dit Zermati, même avec toute la meilleure volonté du monde, vous n'arriverez pas à vous repérer dans Paris si vous utilisez une carte de New York.