mardi 31 juillet 2012

"Maigrir sans régime", 2ème volet : la bible.

Le discours de Jean-Philippe Zermati m'a tout de suite interpelée : premièrement parce qu'il détonnait grandement dans cette émission de télé-réalité en comparaison avec les régimes traditionnels des uns et des autres. Deuxièmement parce qu'il formulait en mots clairs et rationnels l'intuition que je commençais à avoir : oui, on peut manger normalement, à vie, sans grossir. 

En 2008 (j'ai 26 ans et demi), je me décide enfin à acheter un de ses livres, pour comprendre un peu mieux de quoi il retourne. Et voici donc un des nombreux éléments qui m'a réconciliée avec la nourriture et, disons-le, avec moi-même : 
Ah cette couverture, ce titre... Tout fait penser à un énième régime Montignac ou Dukon, ou à un Biba numéro d'avril spécial "perdre trois kilos avant l'été", et bien sûr il n'en est rien. Les joies du monde de l'édition, sans doute... J'imagine que Zermati aurait souhaité intituler son ouvrage : "La fin de la restriction cognitive, ou comment manger en écoutant ses sensations de faim et de satiété", mais bon. 

Difficile de résumer ses théories (partagées par d'autres médecins, Zermati n'est pas un gourou) sans passer pour une allumée. Essayons tout de même : 

1) On ne peut pas grossir quand on mange à sa faim 
2) Quel que soit l'aliment ingéré (sucre, gras, frites au nutella, salade, tofu...), c'est l'apport calorique qui influe sur le poids, et rien d'autre
3) Nous avons un poids d'équilibre propre à notre corps (qui peut varier au cours de la vie), et manger à sa faim nous ramène à ce poids d'équilibre

Je crois que là réside l'essentiel. Détaillons un peu : 

1) On ne peut pas grossir quand on mange à sa faim 
En général les gens me disent "Mais moi j'ai tout le temps faim !" ou bien "Mais moi c'est pas la faim qui me fait manger !". Ici un petit point de vocabulaire est nécessaire.

Non, on ne peut pas avoir "tout le temps faim", du moins si on parle de la vraie faim, et pas de l'envie de manger, rien à voir. La faim, c'est ce creux à l'estomac, ce petit coup de pompe, ce truc qui fait dire à mes élèves quand il est 12h45 et que je veux leur faire comprendre qu'il y a un hypallage dans "L'Albatros" de Baudelaire : " Mais Madame, on a FAIM !!!" Je peux vous garantir que là, ils n'ont pas seulement envie de manger les gaillards. Le souci c'est que beaucoup de gens ignorent cette sensation, soit parce qu'ils mangent par habitude à l'heure où ils pensent qu'il faut manger, avant d'avoir faim ; soit parce que des années de contrôle alimentaire par les régimes ont presque anesthésié leurs sensations.

Autre chose qu'on me rétorque : "Mais moi quand je mange un carré de chocolat, de toute façon je finis la tablette". Là encore la faim est censée nous aider, si on parvient à l'écouter. Manger à sa faim signifie se mettre à manger quand on a faim, mais aussi s'arrêter quand on n'a plus faim. Et cette sensation de satiété, non ce n'est pas l'impression que notre ventre va exploser à 15h30 juste avant le dessert lors du repas de nouvel an chez mamie ! C'est bien avant, quand finalement nos aliments ont nettement moins d'intérêt pour notre palais que lors des premières bouchées...


Après, il reste les Envie de Manger Emotionnelles (EME), qu'il faut apprendre à gérer sans totalement les éliminer. Oui, manger nourrit aussi notre âme, et il est normal de trouver un peu de réconfort dans un morceau de chocolat même sans avoir faim. Le tout est d'apprendre à réguler cette source d'apaisement, sans en être esclave (là je ne rentre pas plus dans les détails, ou alors je réécris le bouquin).

2) Quel que soit l'aliment ingéré (sucre, gras, frites au nutella, salade, tofu...), c'est l'apport calorique qui influe sur le poids, rien d'autre
Ah, les années passées à fuir comme la peste les gâteaux, le chocolat, les frites... Bref, disons-le, tout ce qui est bon ! Les réflexions des copines, ou même de la sage-femme à l'hôpital quand elles nous ont vue un Balisto à la main... L'adage qui me donne des envies de meurtre : "Trente secondes dans la bouche, dix ans sur les hanches hihihi !!!" (gloussements de dinde inside).
Eh bien figurez-vous que ce sont des conneries, un point c'est tout.

Vous vous souvenez de la devinette du kilo de plumes et du kilo de plomb ? Ca revient au même n'est-ce pas ? Et bien c'est pareil pour 100 calories de chocolat, 100 calories de frites, 100 calories de tofu, 100 calories de pouletsanslapeau, 100 calories de yaourt zéro pourcent... Logique non ?
Certains rétorqueront avec bon sens : "Oui mais certains aliments étant plus volumineux que d'autres à part calorique égales, il vaut mieux manger ceux-ci parce qu'il nous rassasieront davantage". Et là je fais mon Norman et je dis : FAUX !

Petit test : combien de bouchées de salade verte sans vinaigrette vous faut-il pour avoir l'impression d'être rassasié ? Et a contrario, combien de bouchées de foie gras êtes vous capable d'avaler sans être écoeuré ? Beaucoup moins n'est-ce pas ? C'est parce que notre corps, et en l'occurence notre palais et nos papilles, savent reconnaître un aliment très calorique d'un aliment peu calorique, et qu'ils envoient des signaux différents à notre cerveau suivant ce qui est mangé. Pour que ça marche, il faut prendre le temps de déguster (donc, pour une fois, le coup du "manger en 20 min minimum", ça, c'est vrai). Mais en tout cas, ce n'est pas le volume pris dans l'estomac qui entraîne la satiété (ou alors je vous propose un régime révolutionnaire : le régime flotte. Vous buvez de l'eau en permanence pour remplir votre estomac, c'est trop cool) (en même temps prudence Mushroom, si ça se trouve, ça existe.....).

Autre point important à propos des aliments interdits : les interdire, c'est les sacraliser. C'est donc sans doute pour cela que vous finissez la tablette de chocolat, comme si c'était la dernière de votre vie, en prévision du "demain, c'est fini, j'en mange plus". La restriction alimentaire liée aux régimes implique un comportement qui alterne restriction et compulsion. Autrement dit, le fameux "manger moins gras, moins salé, moins sucré" est un slogan qui peut répandre efficacement l'obésité dans le pays... Je n'ai jamais fait moins de "craquage" qu'à partir du moment où j'ai arrêté de considérer certains aliments comme tabous.

Certains auront du mal à ne pas considérer qu'un aliment gras fait grossir ("c'est gras donc ça nourrit mon gras"). Des études (dont je n'ai pas les références sous la main) ont prouvé que quelle que soit la composante du régime (protéines, lipides, glucides), la seule donnée à prendre en compte était l'apport calorique.

3) Nous avons un poids d'équilibre propre à notre corps (qui peut varier au cours de la vie), et manger à sa faim nous ramène à ce poids d'équilibre

Quand j'ai commencé à manger à ma faim, j'ai perdu trois kilos. Tout en mangeant ce qui me faisait envie. Mais le tout c'est de ne pas refuser de sauter un repas si on n'a pas faim. Je me souviens d'une sortie scolaire où les élèves étaient horrifiés de ne me voir rien manger à midi. Sauf que j'avais petit-déjeuné bien tard, et que le sucre contenu dans le coca que je venais de boire m'avait rassasiée. Je vous rassure : s'autoriser tous les aliments ne vous conduit pas à vous nourrir exclusivement de gras et de sucre ! Au contraire, comme vous vous ne interdisez plus ces derniers, ils deviennent bien moins attrayant qu'avant (j'ai fait l'expérience avec les Granolas, qui m'empêchaient presque de dormir avant tellement ils faisaient fantasmer mes papilles... Et maintenant que j'ai "le droit" d'en manger, ben, bof). Et vous vous surprenez à saliver à la pensée d'une bonne salade ou d'une belle pièce de viande. 

Enfin, il faut savoir que votre poids d'équilibre n'est pas forcément celui dont vous rêvez, ou celui qui correspond à ce qu'on voit dans les media. C'est comme ça, on est obligé de l'accepter. Et ça passe par s'accepter. Jamais je n'aurais pu lâcher la restriction cognitive si je ne m'étais pas réconciliée avec mon image, mon corps et son poids....

A suivre... 



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